Une scapulalgie est une douleur (-algie) de la scapula c’est-à-dire de l’omoplate. Par extension, on nomme scapulalgie toutes les douleurs de cette région y compris celles de l'épaule et du cou. Mais qu’est-ce qu’une scapulalgie au juste ? Quels sont ses origines et ses symptômes ? Toutes les réponses dans cet article.
Scapulalgie : qu'est-ce que c'est ?
Pour bien comprendre la scapulalgie, il faut savoir que l’aire scapulaire comprend à la fois les cervicales, l’omoplate (ou scapula) et la clavicule ainsi que tous les muscles, tendons, et ligaments qui les rattachent. Les nerfs cervicaux C5-C6 doivent aussi être pris en considération.
Par ailleurs, trois articulations sont susceptibles d’être impliquées dans les scapulalgies :
- l’articulation acromio-claviculaire (entre l’acromion de la scapula et la clavicule) ;
- l’articulation sterno-claviculaire (entre le sternum et la clavicule) ;
- l’articulation gléno-humérale (entre la glène de la scapula et l’humérus, l’os du bras).
La scapulalgie est le troisième motif de consultation ostéoarticulaire le plus fréquent en médecine générale (derrière les cervicalgies et les lombalgies).
Causes de la scapulalgie
Dans 80 % des cas, les scapulalgies ont une origine articulaire ou péri-articulaire. On parle de façon générale de périarthrite scapulo-humérale, ce qui regroupe toutes les atteintes de la coiffe des rotateurs.
Ainsi, la scapulalgie est bien souvent due à :
- une atteinte des tendons de la coiffe des rotateurs : tendinite qui peut être due à une sollicitation excessive ou trop fréquente de l’épaule (plus rarement à une infection) ;
- une inflammation des bourses séreuses (structures qui facilitent le glissement des tendons en les lubrifiant et en limitant leurs frottements avec les os) : bursite ;
- une atteinte de la capsule (sorte de manchon qui contient le liquide synovial et qui est présent au niveau de chaque articulation) : capsulite rétractile ou épaule gelée ;
- une arthrite, inflammation chronique d’une articulation (qui est dans 65 % des cas iatrogène, c’est-à-dire due à un traitement médicamenteux) sachant que l’arthrose de l’épaule est très rare (1,5 % des cas d’arthrose seulement) ;
- un traumatisme direct ou indirect ayant entraîné une luxation, une lésion de nerfs, de muscles ou d’os (15 % des fractures sont celles de la clavicule) situés dans la région scapulaire, par exemple suite à une chute ;
- une névralgie cervico-brachiales (15 % d’entre elles s’accompagnent de scapulalgies) et un problème cervical (les douleurs scapulaires d’origine cervicale constituent la cause la plus fréquente d’erreurs diagnostiques).
Toutefois, certaines scapulalgies peuvent être en rapport avec un trouble pulmonaire (pneumothorax), digestif (pancréatite, lithiase biliaire), artériel (dissection aortique), cardiaque (infarctus) ou un cancer (syndrome de Pancoast-Tobias ou cancer des os).
Symptômes liés à la scapulalgie
La scapulalgie se manifeste essentiellement par une douleur de l’aire scapulaire. Néanmoins, en fonction de l’origine de la douleur, les symptômes seront différents.
Origine de la scapulalgie |
Causes |
Symptômes |
Scapulalgie due à l’épaule |
Pathologies articulaires (arthropathie sterno-claviculaire par exemple). Une scapulalgie est rarement due à une pathologie de la coiffe des rotateurs ou à une arthropathie de l’épaule. |
Douleurs mécaniques ou inflammatoires en regard de l’omoplate (parfois avec une irradiation vers le biceps).
|
|
Limitation de la mobilité de l’épaule (une limitation de l’adduction traduit souvent une lésion traumatique du muscle pectoral) avec irradiation vers le cou et l’omoplate. |
|
Cancer des os |
Douleurs osseuses intenses. |
|
Scapulalgie d’origine cervicale |
Tensions musculaires (syndrome cervical)
|
Douleurs entre la colonne vertébrale et le bord interne de l’omoplate et/ou douleurs au niveau des cervicales.
|
Irritations des nerfs cervicaux (syndrome radiculaire) |
Douleurs augmentées à l’éternuement avec des irradiations dans le membre supérieur. |
|
Scapulalgie d’origine viscérale |
Infarctus du myocarde : s’accompagne d’une douleur thoracique |
La douleur scapulaire touche aussi le thorax. |
Affection de la vésicule biliaire |
Douleurs qui irradient postérieurement vers l’omoplate. |
|
Dissection aortique |
Douleurs de l’omoplate qui peuvent aussi concerner l’épaule. |
Scapulalgie : diagnostic
Pour pouvoir poser le diagnostic de scapulalgie, et surtout découvrir son origine, les circonstances d’apparition de la douleur sont essentielles.
Une anamnèse rigoureuse est donc indispensable, d’autant qu’elle permettra également de déterminer si la douleur est davantage d’origine mécanique ou inflammatoire et de comprendre son mode d’évolution (ancienneté, douleur continue ou intermittente, déclenchée ou non par les repas, etc.).
Par ailleurs, l’examen clinique (réalisé torse nu) mené par le médecin, visera à :
- évaluer l’intensité de la douleur et le degré de mobilité de l’épaule : de façon active, en demandant au patient de la bouger vers l’avant (antépulsion), en la tournant (rotation) ou en écartant le bras du corps (abduction), de façon passive, le médecin mobilisant lui-même l’épaule du patent ;
- établir les caractéristiques de la scapulalgie et notamment les zones touchées ;
- déterminer les éventuelles irradiations (dans les cervicales, le bras, voire dans certaines zones précises de la scapula : fosse sous ou sus-épineuse, pointe de l’omoplate, etc.), ce qui peut orienter vers une atteinte nerveuse.
Bien mené et complété par des tests spécifiques, cet examen permet dans plus de 80 % des cas d’établir immédiatement la cause de la scapulalgie. Toutefois, les douleurs scapulaires d’origine cervicale font partie des causes les plus fréquentes d’erreurs diagnostiques.
Dans 15 à 20 % des cas, des examens complémentaires se révèlent nécessaires. On pourra ainsi procéder à :
- une radiographie de l’épaule de face et en rotation interne et externe (pour repérer une pathologie osseuse telle qu’une fracture ou une tumeur) ;
- un électromyogramme (EMG) ;
- une IRM (qui est idéale en cas de lésion intra-osseuse mais qui ne permet pas de bien visualiser d’éventuelles calcifications) ;
- des ultrasons (qui sont intéressants pour détecter les calcifications) ;
- une arthrographie ;
- une échographie permettant d’évaluer une déchirure de la coiffe des rotateurs ;
- des analyses de sang pour confirmer l’aspect inflammatoire.
Scapulalgie : quels traitements ?
De façon générale (dans 65 % des cas), le traitement des pathologies scapulaires est conservateur, sachant que les scapulalgies évoluent de façon favorable dans les deux à trois ans. Quoi qu’il en soit, le traitement de la scapulalgie dépend de son origine.
Le plus souvent, le médecin prescrira des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) type ibuprofène. Ceux-ci se révèlent efficaces dans certains cas seulement et ils entraînent des effets secondaires (au niveau gastrique avec des risques d’ulcère). Des myorelaxants peuvent être intéressants en cas de spasme musculaire.
Des infiltrations intra-articulaires de cortisone (pratiquées par un rhumatologue) sont indiquées en cas de capsulite rétractile pour atténuer l’inflammation.
On peut aussi procéder à des injections de plasma riche en plaquettes qui consistent à introduire dans la zone à traiter le sang du patient lui-même, mais enrichi en plaquettes grâce à une centrifugation. Riche en facteurs de croissance, ce concentré de plasma va activer des biomolécules qui possèdent des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques. Par ailleurs, ces mêmes facteurs de croissance vont stimuler les cellules-souches et ainsi favoriser la cicatrisation des tissus lésés et réduire l'inflammation.
Très intéressante, l’hydrotomie percutanée soulage l'arthrose dans 80 % des cas. Cette technique consiste à injecter à quelques millimètres sous la peau, au niveau de l'articulation douloureuse, de l'eau de mer associée à un chélateur, du magnésium, des vitamines et des minéraux. Elle doit être pratiquée toutes les semaines pendant 6 semaines par un professionnel de santé (médecin ou infirmier·e).
La kinésithérapie est également utile en cas de limitation articulaire mais uniquement en cas de scapulalgie chronique ou suite à des infiltrations.
Diverses approches alternatives sont parfois le meilleur moyen de soulager une scapulalgie :
- ostéopathie ;
- chiropractie ;
- étiopathie ;
- la technique Alexander ;
- la méthode McKenzie, etc.
Une intervention chirurgicale n’est justifiée qu’en cas de rupture traumatique de la coiffe des rotateurs.